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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/90

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LE JOURNAL

« C’est alors que se produisit le terrible événement qui nous ruina : la banqueroute de l’homme d’affaires qui gérait notre fortune, sa disparition, son prétendu suicide à Bruxelles, etc.

« Cette fois, force nous fut de restreindre notre train. Il ne nous restait plus en effet que les revenus de Clovers, une trentaine de mille francs, dont plus de la moitié passe à l’entretien du château lui-même, et trois mille francs de rentes, produit de cent mille francs sauvés du désastre.

« Raymonde fut envoyée au couvent. Dix années nous vécûmes ainsi à la campagne, mangeant nos rentes, ébréchant un peu tous les ans nos derniers capitaux.

« Cela ne pouvait durer indéfiniment. Nous étions au bout des cent mille francs. Pour nous procurer de l’argent, nous avions recours aux plus piteux expédients : n’avons-nous pas été jusqu’à vendre les tapisseries de l’escalier !…

« Cependant Raymonde avait grandi : elle était en âge d’être pourvue. Je résolus, avec votre assentiment, de tenter un coup suprême : emprunter sur Clovers, reprendre la vie d’autrefois et notre place dans le monde, ne fût-ce