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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/91

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D’UNE FEMME DU MONDE.

que quelques jours, tout cela pour marier notre fille.

« Ne voulant pas que Clovers fût hypothéqué — on aurait jasé dans le pays — j’eus recours à l’usurier qui bien des fois me vint en aide dans ma jeunesse, le baron Wimpfel. Il consentit à me prèter trois cent mille francs, sans exiger d’hypothèque. Je donnai seulement ma signature — le brigand sait ce qu’elle vaut — et m’engageai à lui payer quatre cent vingt mille francs dans deux ans.

« Cependant de tous côtés nous tombe du papier timbré. Vous avez pour votre part, ma chère amie, un petit arriéré de soixante mille francs chez divers fournisseurs. Je dois cinquante mille francs à droite et à gauche et quarante mille à mon ami de Rieux. Arrêtons-nous là et examinons les éventualités. Dans deux ans, nous sommes forcés de vendre Çlovers pour payer Wimpfel. L’honorable baron l’achètera et pourra enfin, rêve de toute sa vie, voir vieillir sa très honnête personne dans ce château, berceau et tombeau, hélas ! d’une des plus grandes familles de France. Pendant ce temps, que deviendrons-nous ? Il nous restera cent cinquante mille francs de dettes que nous ne pourrons payer. Réduits