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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/92

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LE JOURNAL

à la misère et déshonorés pour n’avoir pu faire face à nos engagements.

« Notre situation est telle que Wimpfel lui-même s’inquiète ; il voudrait maintenant une garantie, une hypothèque. C’est pour cela qu’il est venu l’autre jour ; il avait rencontré Raymonde dans le parc

« Voilà, ma chère amie, ce qui est et ce que j’ai cru devoir vous rappeler. »

Il y eut un long silence. Une angoisse mortelle m’étreignait l’âme : raidie, immobile, dans la peur de perdre un mot, je retenais de toutes mes forces ma respiration.

Mon père reprit :

— M. Grandidier peut seul nous sauver.

Voilà bien ce que j’attendais !

Un cri s’étouffa dans ma gorge, je chancelai et m’affaissai sur le parquet. Mais tout de suite, dans un effort surhumain, je me relevai. Une sueur froide m’inondait le visage, et j’entendis encore ces mots :

— Il nous offre de racheter toutes les créances.

J’étais àbout, près de m’évanouir. Je me dirigeai, défaillante, vers l’escalier et je me traînai jusqu’à ma chambre. Je m’enfermai à clef, me jetai sur mon lit et je me mis à sangloter.