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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/98

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LE JOURNAL

les fleurs de nos parterres qui ne fleurissent que pour elle ! Nous nous en irons en d’autres mains, petite maîtresse, si tu ne t’en vas pas ! »

À cette pensée qu’on pouvait vendre Clovers, les larmes me vinrent aux yeux.

Je refermai la fenêtre : ma résolution était prise.

J’étais accablée de fatigue, le corps comme endolori, meurtri. Je me déshabillai à la hâte et me mis au lit. Quelques pensées, vagues, douces, réconfortantes, sillonnèrent encore mon esprit, et puis le sommeil, un sommeil lourd, m’enveloppa.

Je ne me réveillai que fort tard dans la matinée.

Je descendis chez mon père, l’air souriant, et je luis dis :

— Mon cher papa, j’ai réfléchi. Je veux bien épouser M. Grandidier.

Sa figure, à ces mots, s’était épanouie de joie.

— Ha ! ha ! J’en étais bien sûr que nous reviendrions sur nos grands mots et nos protestations !… Vous mériteriez, Mademoiselle la sotte, pour vous apprendre une autre fois à réfléchir avant de parler, vous mériteriez