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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/99

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D'UNE FEMME DU MONDE.

que je ne vous entendisse plus !… Petite bébête, va !

Je l’ai embrassé et me suis sauvée dans ma chambre. J’y ai pleuré toute la matinée.

Clovers, 24 octobre.

M. Grandidier est venu aujourd’hui chercher la réponse. J’étais avec mes parents dans le salon quand il y est entré.

Il était très pàle.

— Monsieur Grandidier, a dit mon père en s’avançant à sa rencontre et en lui prenant les mains, nous avons une bonne nouvelle à vous annoncer.

Le visage de M. Grandidier s’est illuminé : il m’a regardée et dans ses yeux une larme, une larme de joie et de reconnaissance, a brillé. En ce moment, mon antipathie instinctive pour cet homme se dissipa tout d’un coup ; de bon cœur, généreusement et sans arrière-pensée, je lui tendis la main : il la saisit, la retint longtemps et la pressa dans la sienne. Hélas ! je reconnus l’étreinte : elle brisa l’illusion et je compris alors que seulement un éclair de pitié avait une seconde dissipé la