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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/112

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L'ART DE DEMAIN

Chaque temps la connut, hors le temps d’aujourd’hui.
Le passé s’en décore,
Et des siècles défunts plus d’un dedans la nuit
En resplendit encore.

Chaque temps le connut, cet homme surhumain,
Qui le domina tout et le tint dans sa main,
L’homme qui résuma son siècle en son génie.
Serions-nous donc les seuls
Qui nous engloutirions, sans même une agonie,
Dans l’oubli du linceul !

Non, nous sommes trop grands pour périr de La sorte !
Notre art est dans son œuf : il faudra qu’il en sorte !
Et vous verrez alors, vous qui sonnez le glas,
Ce dont l’espoir m’enchante !
Un siècle aussi puissant, cygne au splendide éclat,
Ne meurt pas sans qu’il chante !

Non, nous n’avons pas d’art, non, nous n’en avons pas !
Nous bégayons à peine et nous comptons nos pas,
Nous attendons sans verve un avenir informe,
Epuisés, dites-vous,
Mais si nous attendons, c’est un colosse énorme
Qui soit digne de nous !