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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/126

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POÉTA

un reste à peine perceptible de brume, se promène.

Il semble que cela se pose sur les fleurs, en récolte le parfum, que cela caresse l’onde, et que cela en boive.

Et petit à petit, cela se condense, cela se groupe en une forme vague qui se blottit, irisée de soleil, au pied d’un arbuste.

Alors, en un étirement lent comme celui d’un éveil, l’étrange chose qui se matérialise tout à fait, se précise en des harmonies connues : c’est, surgissant d’une extase, la nudité glorieuse d’une femme qui sourit.

Elle est frêle : sa chair a la coloration d’une aube et la virginité d’un fruit qui ne connut point de contact ; sa bouche est entr’ouverte sur une exclamation close d’enthousiasme ; ses yeux ont de grands battements étonnés et sa gorge se gonfle de désirs qu’elle ignore ; ses petits pieds ont des velléités maladroites, et ses mains se tendent, naïves, pour embrasser la lumière.

Et la voici qui se lève et qui marche.

Elle écoute le chant des oiseaux, elle s’amuse du vol inconstant des papillons, elle s’enivre de clarté, et son âme, sa petite âme si simple et si