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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/149

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LES OPALINES

rité de ma genèse, heure radieuse et calme, où se recueille, comme une fleur se ferme, l’âme qu’éparpilla jusqu’alors l’incohérence d’une existence morcelée.

« La Souffrance est une révélation. » — Elle m’a révélé à moi-même.

« comme une fleur se ferme ! » — C’est juste. Ce que j’avais de parfum se dissipait à tous les vents et s’évanouissait sans profit. Concentré en moi, ce parfum, dont j’ignorais la subtilité, me grise. J’ai souffert : je suis heureux.

D’un bond j’ai franchi la sphère du conventionnel, et j’ai atteint à cet Ëgoïsme total, qui est la Bonté, non point la bonté faible ni pitoyable, mais la Bonté vraie, une émanation naturelle à l’âme décortiquée de toutes ses acquisitions extérieures, une émanation qui vibre tout autour d’elle, comme de la lumière tout autour d’un astre radieux.

Je m’aime, et j’aime tout en moi !… Hors des broussailles et des préjugés, soudain surgie à la