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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/151

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LES OPALINES

parce qu’elle est trop simple. Aucun apport extérieur ne l’a augmentée : elle s’est développée suivant sa direction initiale. Et le fait est si rare dans une société qu’il est aimable.

J’aime Lariane comme on aime une heure matinale et fraîche, ou bien une fin de jour poussiéreuse de soleil, un ciel délicat ou violent, ou tendu de voiles funèbres, selon que votre compréhension est joyeuse, exubérante ou triste. J’aime Lariane parce qu’elle est l’atmosphère adéquate à mon tempérament, l’atmosphère où montent librement, comme de fragiles fumées, les exhalaisons de mon âme.

IV

Ce soir donc, tandis que s’assombrissait la nuit, Lariane est entrée. Elle était parée de jeunesse et si imprégnée du soleil dont elle avait recueilli la lumière, au courant du jour, qu’elle me parut un rayon.

Et je la regardai sans dire un mot, car les mots brisent — comme de petits cailloux le miroir d’un