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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/152

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L'HOMME QUI A DÉCOUVERT SON MOI

étang — les précieux silences dont s’enveloppent les communions d’âme.

Mais quand nous nous fûmes mutuellement pénétrés, alors nous parlâmes.

Je lui renouvelai l’assurance que j’étais heureux, et comme elle savait les raisons que j’avais en cette minute de m’apitoyer sur moi-même, elle en conçut une grande fierté dont il me sembla que s’auréolait son front. Toutes les femmes admirent l’Énergie : Lariane l’élèverait volontiers à l’altitude d’une divinité.

— « Tu as souffert, tu as cultivé ta souffrance et tu en as extrait le suc, qui est le bonheur ! La souffrance est une orchidée rare ! » — Elle dit cela, et je compris qu’elle avait raison.

Et aussitôt le devoir s’imposa à nous de l’emporter, ce bonheur, quelque part où nous en puissions jouir à l’écart de tous. — Et j’ai pensé aux tartines de pain beurré qu’on me donnait jadis, pour mon goûter, et que j’allais manger avec dévotion dans le recueillement des bois.