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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/155

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LES OPALINES

ainsi qu’on reconnaît certains paysages qu’on n’a point visités.

Désormais mon devoir sera de me protéger de toute influence externe, dont je ne reconnaîtrai pas l’utilité, de toute végétation parasitaire.

VI

Parmi la lumière blonde de la matinée glorieuse, Lariane répand sa joie. Elle dit des choses qu’elle n’a point apprises, et je la comprends aujourd’hui mieux que jamais. Elle est l’être le plus individualiste que j’aie rencontré. Sa personnalité n’est accrue d’aucun élément étranger : elle n’assimile rien de ce qui ne lui est pas convenable, et ainsi elle demeure elle-même. Ce qui la protège des acquisitions néfastes, sous lesquelles l’originalité s’engloutit, c’est son extrême sensibilité. Avant de juger, au lieu de juger peut-être, elle sent. Or, on sent toujours d’après soi, on juge généralement d’après les autres, ou tout au moins selon un formulaire, et d’après des procédés, et aussi à l’aide de