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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/156

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L'HOMME QUI A DÉCOUVERT SON MOI

préjugés, qui sont comme des matériaux dont a besoin, pour s’édifier, le moindre raisonnement.

L’homme qui jugerait comme on sent, celui-là serait réellement un individu.

Y en a-t-il un ?

Nous avons pris, Lariane et moi, un sentier qui s’en va à l’aveuglette parmi la clairière.

Lariane a emmené avec elle son chat, Cadet. C’est l’animal qu’elle a de tout temps préféré aux autres, et ce choix me plaît, parce qu’il est logique. Rebelle au joug de la domesticité, le chat ne s’est pas asservi : il a su profiter des hommes, sans rien leur abandonner de sa personnalité.

Le chat et Lariane sont en sympathie harmonique.

Lariane, qui, étant « elle » et le demeurant, est par conséquent volontaire, prétend parfois faire obéir son chat. Le chat s’y refuse avec un très louable entêtement. Et Lariane, en fin de compte, trouve que le chat est un animal admirable.

Donc tous les trois, nous marchions dans l’hosanna d’un printemps qui s’éveille, et je rêvais d’atteindre à la perfection de Lariane et du chat.