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LES OPALINES

J’ai vu dans ses yeux qu’au lieu de s’étonner grossièrement, elle s’appliquait à comprendre. Elle a deviné. Elle a deviné que l’épreuve me serait féconde, en ce qu’elle me fournirait l’occasion de me recueillir plus intensément, et me permettrait de connaître ma valeur personnelle livrée à elle-même, débarrassée de toute influence, de toute collaboration, de tout soutien, de toute extériorité.

« Un homme peut être fort, a dit Lariane, et sa force lui être étrangère : il lui est bon de s’assurer qu’elle a sa source en lui. »

Il a été convenu que nous nous séparerions. Elle part. Je reste ici.

XVI

Je me souviens, dans les Pyrénées, un jour que je chassais l’isard, de m’être glissé, à plat ventre, sur une roche déclive, afin d’explorer du regard les flancs d’un précipice. Agrippé par les ongles à la roche fuyante, j’eus un instant l’impression