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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/164

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L'HOMME QUI A DÉCOUVERT SON MOI

que je ne pourrais plus reculer, et je compris le vertige.

Sur le quai de la petite gare campagnarde, ensoleillée et coquette en sa parure de glycines fleuries, et tandis que le timbre s’agitait, énervé d’une frénésie joyeuse, j’ai connu pareillement « le creux » de l’abîme.

Elle est partie, et je suis demeuré quelque temps à la place où je l’avais quittée, les yeux sur le sable doré du quai. Et quand je revins à moi, il me surprit que le soleil fût aussi joyeux, que les glycines fussent toujours en fleurs, et qu’il n’y eût rien d’atténué dans la joie de la nature.

Seul, le timbre s’était tu.

XVII

La lune a pris possession des nuits. Elle les anime d’une pâleur fantastique.

Je prends la route qui passe près du pavillon. Elle se coule dans les bois. Et je marche dans les