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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/165

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LES OPALINES

guipures noires que dessine sur le sol blanc l’enchevêtrement des feuillures, sur ma tête.

La nuit, il y a dans les fourrés d’étranges bruissements ; la nuit, il y a dans le cœur d’étranges sursauts.

J’ai refait aujourd’hui, pas pour pas, une promenade dans les bruyères que je fis avec Lariane. Et cela me fut d’un charme subtil. Le souvenir qu’enguirlande de fleurs l’Imagination est toujours supérieur à la réalité, quelle qu’elle soit.

L’avenir importe peu : il peut se clore demain. Mais le passé !… Quel admirable champ de culture ! Quel précieux livre de chevet à feuilleter chaque soir !

Heureux les vieillards !

J’ai médité sur la Mort, encore qu’elle appartienne à l’avenir, et par là ne soit point de mon domaine.

La Mort, malgré sa banalité, est belle. Elle est belle parce qu’elle est le seuil de l’Inconnu. Elle prête un instant de grandeur au plus misérable.