XXIII
Sur la grande route qui traverse, toute nue au soleil, l’étendue de la plaine, je marche. La chaleur vibre au ras de l’herbe, le sol blanc m’éblouit, le ciel m’aveugle, et quand je ferme les yeux, ils s’emplissent d’éclats lumineux.
Je vais chercher Lariane à la gare.
Devant la gare assoupie, il y a deux voitures
qui stationnent, sans cocher. Les chevaux chassent
les mouches de frémissements énervés qui courent
en vagues sur leurs épaules, ou de secouements
brusques qui sont des ébrouements de clochettes.
Ils se frappent le ventre de leurs sabots impatientés
qui sonnent en retombant sur la terre sèche. Des
poules picorent.
Je m’arrête à tous ces détails et à bien d’autres. Et j’ai tout au fond de moi comme une angoisse.
Le train a du retard. Et j’en suis meurtri.
Pour la première fois, depuis que j’écrivis le