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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/173

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LES OPALINES

premier mot de ces relations, il me semble que je ne me possède plus, que je m’échappe : c’est presque du désarroi. Ma sensibilité s’exagère aux dépens de ma maîtrise. Et j’ai beau vouloir me recueillir, je me disperse en émotions.

Le fracas du train m’a surpris observant une chenille dans la haie bordant le quai d’un ourlet vert : elle s’ingéniait, sans y parvenir, à passer d’une feuille sur une autre.

Il n’y a rien de plus doux que de recevoir du train un être qu’on aime, et dont on fut quelque temps séparé. À la joie de le retrouver se joint celle de lui découvrir du nouveau, qu’il n’apporte pas en réalité, mais qu’on lui prête.

Lorsque Lariane débarque ainsi, elle sourit, et ce sourire, qui est une contenance, est timide, un peu embarrassé. Le premier mot qu’elle m’a dit s’est pris dans sa gorge. Et moi je ne lui ai rien dit.