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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/180

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L'HOMME QUI A DÉCOUVERT SON MOI

XXXIV

Lariane, en ce besoin d’épanchement qui suit les grandes joies, m’a révélé ceci : qu’on devrait

« Je t’ai aimé, vois-tu, d’un amour qu'on devrait réserver à Dieu seul ! Je t’ai aimé sans restriction : c’était mon idéal que j’aimais en toi ! »

Je lui ai fait observer :

« Lariane, n’était-ce pas alors, comme celui que je te demande, de l’amour égoïste ? Ne t’aimais-tu pas déjà en moi ? L’idéal d’un être n’est qu’une aspiration de çet être. Il me semble bien que c’est subjectif.

« Idéaliser quelqu’un, c’est s’aimer en lui. »

Elle a répondu : Peut-étre ! en souriant.

Et nous nous sommes serrés tout l’un contre l’autre, car un vent léger se levait avec l’ombre du crépuscule, et nous eûmes un frisson commun.