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retracer les origines de la Dynamique, comme nous retraçons aujourd’hui les origines de la Statique ; ce sera le lieu d’analyser en détail la Dynamique de Léonard de Vinci et de Cardan et l’influence qu’elle a eue sur le développement de la Mécanique rationnelle. Nous verrons alors la doctrine du médecin milanais s’inspirer jusque dans les moindres détails des pensées éparses dans les manuscrits du grand peintre.

Les emprunts faits par Cardan à la Physique de Léonard de Vinci sont moins nombreux, non pas que l’on n’en puisse reconnaître quelques-uns : ainsi Cardan, voulant expliquer comment on peut allumer du feu au foyer d’un miroir concave, dit[1] : « Le feu qui est engendré des miroirs caves ou élevés en rotondité claire, appartient manifestement à la coïtion. Et la raison de coïtion n’est obscure, car si tu distribues dix deniers à dix hommes, chacun aura un denier ; si tu les distribues à cinq, chacun aura deux deniers. Si donc la chaleur qui est éparsée en grand espace est assemblée, tout ce qui était de chaleur en ce grand espace sera au petit ; pourtant ceste grande chaleur assemblément contenue en ce petit espace produira de grans effects, dont méritera estre dite grande, et pour ce le feu sera engendré. » — Or Léonard de Vinci avait écrit[2] : « De la qualité du chaud produit par les rayons du soleil dans le miroir. Le chaud du soleil qui se trouvera à la surface du miroir concave sera réparti entre les rayons pyramidaux concourants à un seul point ; autant de fois ce point entrera dans la surface, autant de fois il sera plus chaud que le chaud qui se trouve sur le miroir ; aussi autant ab ou, si tu veux, cd[3], entre dans

  1. Cardan. Les Livres de la Subtilité, traduis de latin en françois par Richard Le Blanc. Paris, l’Angelier, 1556, p. 32.
  2. Les Manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollien ; Ms. A de la Bibliothèque de l’Institut, fol. 20, recto. Paris, 1881.
  3. Il faut entendre par cd la surface de l’image lumineuse formée dans le plan focal du miroir.