Page:Pierre Le Loyer - La Néphélococugie, édition de 1869.djvu/16

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AU DOCTE ET BÉNÉVOLE LECTEUR


Amy Lecteur, je n’avoys point délibéré de mettre en lumière cette Comédie, ou plustost le jeu de ma jeunesse, si mes amys, auxquels familièrement je l’avois monstrée et communiquée, ne m’eussent souvent importuné, voire presque contraint de ce faire, m’asseurans qu’elle seroit bien venue en ton endroict, et que tu excuserois ayzement quelques petites gentillesses lascives meslées avecques choses sérieuses et doctes, lesquelles autrement ayant versé aux bons livres tu doibz excuser, attendu que j’ay imité en cecy un poète grec, qui a traitté, peu s’en faut, pareil argument au mien. Le Grec que je dis, c’est Aristophane comique, les escriptz duquel te sont assez connuz, veu le prix qu’on en faict et le degré où ils sont colloquez. Et jaçoit que Plutarque ne les estime pas et les compare (au livre de la comparaison de Menandre et d’Aristophane) aux amorces lubriques d’une paillarde eshontée, si peus-je appeler de luy, avecques raison, comme d’un juge suspect et recusé, d’autant qu’il estoit philosophe, et que, comme philosophe, il portoit mauvaise affection aux escritz de ce poëte, lesquels sont farcis et pleins de risées, et mocqueries de Socrate et de son compaignon