Si nous voulions que le Dieu Jupiter
Entre voz mains vint son sceptre quitter
Et qu’entre vous vinssiez nous faire hommage,
Vous esclavans souz nostre vasselage,
Que diriez-vous, ô Dieux par frop retifz ?
Ne serions-nous en demande excessifs ?
Ouy vrayment, et auriez cause juste
De refuser une paix si injuste ;
Mais maintenant que rien n’est demandé
Qui par raison ne doyve estre accordé,
Et qui ne soit aux Cocus honorable
Et à vous Dieux grandement profitable,
Voudriez-vous bien une guerre chercher,
Et voz profitz destourner et trancher ?
Comment, profitz ? Quels profitz, je te prie,
Nous sont gardez la guerre estant finie,
Et quand les Dieux et vous, Cocus, serez
En bonne paix joinctz et confederez ?
Et doutez-vous encore en quelque sorte
Des grandz profitz qu’une paix vous apporte ?
N’aurez-vous pas les passages ouvertz
Et les odeurs et les parfums divers
Dont les Cocus à ceste heure joüissent
Et dedans l’air les hument et ravissent ?
N’iront-ilz point jusqu’à vous dans les cieux
Par le moyen des Cocus gratieux ?
Quand ilz sçauront qu’à vous les hommes voüent
Un sacrifice et de leurs veuz se joüent,
N’ayans desir de jamais les tenir,
Eux, comme amys, voudront vous maintenir,
Et plus que vous de vous prenant la cure,
Si quelquefois ilz voyeut d’avanture