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une descente au monde sous-terrien

» Ma taille, d’abord, les étonna beaucoup, et les invita à penser que je pouvais bien être d’une essence supérieure à la leur. J’étais cependant assez mal au point quand ils me découvrirent, évanoui sur les rochers, mourant presque de fatigue ou de faim, près d’un objet inconnu, près d’un bateau qui dut leur faire l’effet d’un moustre vomissant des flammes.

» Et quand j’eus parlé, l’idée qu’ils avaient pu avoir intuitivement de ma supériorité ne fit qu’augmenter. Un homme, qui prononçait aussi aisément toutes les voyelles, ne pouvait être pour eux qu’un profond génie. J’avais, en articulant quelques phrases banales, gagné pour jamais leur admiration.

« Nous passerons, si vous voulez bien, sur la longue série d’efforts qu’il nous fallut pour arriver à nous comprendre. Quand nous y fûmes à peu près parvenus, je dus leur expliquer ce qu’était la face supérieure de la Terre ; ce qu’étaient surtout les jours et les nuits dont ils n’avaient aucune idée, la cavité intérieure étant continuellement éclairée de la même façon par une sphère centrale dont l’éclat ne varie pas.

« Quand nous en fûmes là, les Sous-Terriens en voyelles franches, qui s’approchaient seuls de moi, les autres se tenant toujours à distance respectueuse, tinrent une conférence mystérieuse, puis m’arrivèrent dans l’attitude de gens qui ont une requête embarrassante à présenter.

« Ils m’expliquèrent alors que l’intérieur de la croûte terrestre est divisé en trois zones habitables, indépendamment des frontières des différentes nations : la zone centrale, un anneau limité à peu près par des lignes correspondant à nos tropiques du Cancer et du Capricorne, et deux zones extrêmes, placées sous nos calottes polaires. Entre elles se trou-