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une descente au monde sous-terrien

vent, me disaient encore les Sous-Terriens, deux espaces arides et déserts, où personne ne va jamais, parce qu’il n’y existe pas d’eau. J’ai oublié de vous dire que les Sous-Terriens sont amphibies. Dans la zone centrale habitent les humains que je vous ai décrits, et dans les zones polaires, où on les relègue aussi soigneusement que possible, des sortes de monstres… ceux que votre ami Van de Boot a vus au cap Horn, bien que je ne les eusse pas cru capables de découvrir le chemin qui mène à la surface de la Terre. Ces monstres sont des Sous-Terriens inférieurs, si je puis m’exprimer ainsi. Ce ne sont pourtant pas des animaux ; ce sont des hommes. Ils n’obéissent pas à l’instinct ; ils pensent et ils parlent. Et je serais bien embarrassé pour les comparer à quoi que ce soit qui existe sur la Terre.

« Les Sous-Terriens en avaient une peur folle, et cette peur était justifiée, malheureusement. De temps à autre, les Kra-las traversaient l’anneau désertique et pénétraient dans la zone centrale, où ils massacraient tout ce qu’ils trouvaient. Ils le faisaient, non pas dans le but d’emporter du butin ou de conquérir des territoires, mais simplement pour assouvir leur soif de sang. Leurs incursions, jusqu’à ces dix dernières années, étaient à peu près périodiques ; elles se produisaient environ tous les deux ans. Dès que leur retour était prévu, les Sous-Terriens entraient dans une agitation extraordinaire. Ils ne manquent pas de courage, ils étaient disposés à se défendre, mais ils étaient mal armés : ils ne possédaient que des poignards et des lances, et ne parvenaient pas à repousser leurs ennemis sans se faire décimer. Quand les Kra-las repartaient, les malheureux pays qu’ils avaient envahis