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une descente au monde sous-terrien

— Moi aussi, Madame, dit-il

Et ces trois mots, ou il n’avait cependant pas placé la moindre intention agressive, eurent pour effet de mettra la mégère en fureur.

— Que vous ayez faim ou non, cela m’importe peu, s’écria t-elle. Et elle agitait ses mains d’inquiétante façon. Mais moi, moi, vous entendez bien, je n’ai rien mangé depuis hier après-midi, et j’ai l’estomac dans mes bottines. Trouvez-moi quelque chose pour déjeuner.

Le zoologue jeta autour de lui un œil éloquent. Les naufragés se trouvaient sur un rocher aussi nu qu’une boule de rampe, les quelques signes qui se balançaient autour n’avaient rien de comestible, et les bocaux de viande non dévorés par les Kra-las, gisaient épars dans les rochers de l’île, en dehors du cercle des gardiens.

— Si j’avais quelque chose, je vous le donnerais, Madame, dit Cornélius Van de Boot, mais vous voyez vous-même que je n’ai rien.

— Ça m’est égal, Monsieur, il faut inventer quelque chose. Je suis une femme ; je suis même plus qu’une femme ; je suis une « lady », et la courtoisie vous fait un devoir de ne pas me laisser mourir d’inanition. Arrangez-vous.

Van de Boot eut un geste de désespoir. Cependant, il essaya d’entrer en pourparlers télégraphiques avec les gorilles, et de se faire apporter, si c’était dans les choses possibles les bocaux de viande abandonnés.

Il s’approcha du bord du rocher, choisit le moins hideux des quadrumanes, et l’appela.

— Hé ! là-bas !… Hep !… là !…