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une descente au monde sous-terrien

Et quand les appétits furent calmés, ce qui ne se produisit pas sans provoquer chez les Kra-las quelques grimaces de dégoût, l’Anglaise recommença les hostilités sous une autre forme. Elle se mit en tête que Van de Boot devait la tirer des pattes des gorilles géants, et le lui intima durement.

— Toutes les fois, dit-elle, que j’ai lu des livres où il était question de femmes enlevées ou séquestrées, il se trouvait à point des « gentlemen » pour les tirer d’affaire. C’est le moment ou jamais de les imiter, si vous n’êtes pas le dernier des lâches.

— Et comment voulez-vous que je m’y prenne ?

— Comme il vous plaira, ce n’est pas mon affaire. Mais il faut qu’avant une heure nous soyons hors des griffes de ces gens-là. Pourquoi me regardez-vous de cet air ahuri ? Allons, remuez-vous, Monsieur ; entrez en pourparlers ; combattez s’il le faut ; ne restez pas là planté comme un bœuf devant un train qui passe…

Et, tout en partant, la vieille dame avait saisi Cornélius Van de Boot par un bras, et le secouait avec violence. Le naturaliste se laissa faire d’abord sans rien dire, mais la persistance de l’exercice l’irrita peu à peu, puis finit par l’exaspérer, malgré son calme ordinaire. Et il s’écria :

— Mais laissez-moi donc tranquille, vieille folle !

L’Anglaise se mit à pousser des cris aigus. Et, comme elle ne s’en sentait pas suffisamment soulagée, elle tomba sur le bonhomme à poings raccourcis et le boxa dans toutes les règles de l’art. Ce fut le tour de Cornélius Van de Boot à hurler ; la jeune Anglaise voulut s’interposer et reçut sa part