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une descente au monde sous-terrien

de horions. En quelques secondes, le rocher devint le théâtre d’un combat acharné.

Les Kra-las s’émurent, enfin. Ils séparèrent les belligérants, les ligottèrent dans des cordes confectionnées avec de l’algue marine, de façon qu’il leur devint impossible de bouger un doigt, et reprirent leur faction tout en continuant à surveiller la grève et à aller voir de temps à autre si ce qu’ils attendaient ne paraissait pas.

Enfin, une dizaine de nouveaux singes se montra dans les roches, et tous se réunirent pour un conciliabule aussi mystérieux qu’animé. Van de Boot, immobilisé dans ses liens, put constater une fois de plus que ses ravisseurs paraissaient avoir une mentalité voisine de celle de l’homme. Son appréciation était probablement exacte, car les Kra-las, sans montrer aucun des signes qui distinguent l’homme civilisé, agissaient certainement sous l’impulsion de la raison, et non sous celle de l’instinct.

Lorsque leur conférence fut terminée, ils se mirent à grimper les vagues rocheuses qui menaient au massif principal de l’île. Trois d’entre eux étaient revenus prendre les prisonniers ligotés et inertes. Ils les avaient soulevés dans leurs mains puissantes et chargés sur leurs épaules ni plus ni moins que des paquets de linge et avec aussi peu de précautions.

La jeune Anglaise, résignée à son sort, et qui croyait sa fin prochaine, n’avait rien dit ; elle se contentait de pleurer doucement. Mais l’autre s’était lancée dans un discours véhément, au cours duquel elle menaçait son porteur du consul d’Angleterre, de la Chambre des Lords, et même du roi de la Grande-Bretagne et empereur des Indes. Le Kra-la l’écoutait