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une descente au monde sous-terrien

avec d’autant plus de patience qu’il ne comprenait pas un mot des imprécations de la dame, et qu’elle était ficelée de partout. Il continua son bonhomme de chemin, comme on dit, sans s’émouvoir une seconde.

Pour Cornélius Van de Boot, qui pouvait être un esprit naïf, mais qui était aussi une intelligence éclairée, il notait avec soin dans sa mémoire les particularités du chemin qu’on lui faisait suivre, de manière à pouvoir le retrouver s’il avait jamais la chance d’échapper à ses ravisseurs.

Bientôt, la bande entière fut rassemblée à l’entrée d’une grotte ouverte dans la muraille verticale de l’île. L’un des quadrumanes, qui paraissait commander aux autres, jeta un ordre guttural, et tous s’engagèrent dans le souterrain, que la phosphorescence de leurs yeux éclairait.

Van de Boot remarqua que le sol, après avoir été horizontal pendant une centaine de mètres, descendait tout à coup par une pente assez rapide. En outre, ce n’était pas dans une grotte fermée par le fond, qu’on se trouvait, mais dans une galerie de vingt mètres de hauteur, de dix mètres de largeur environ, ménagée dans la terre par un caprice du bouleversement des couches géologiques. Le sol en était rugueux et semé d’obstacles, mais les Kra-las y manœuvraient avec dextérité, leurs pieds et leurs mains leur servant également à se cramponner aux aspérités.

Quant aux naufragés, serrés dans leurs cordes et immobiles, inutile de dire qu’ils souffraient beaucoup du cahotement violent auquel ils étaient soumis. Tous trois espéraient que la promenade serait de courte durée, que leurs porteurs