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une descente au monde sous-terrien

les déposeraient bientôt dans la caverne où ils habitaient sans doute.

Mais ils n’étaient qu’au début de leur supplice. Après avoir suivi pendant deux kilomètres à peu près le tunnel en pente, les gorilles géants arrivèrent au bord d’un puits de cinq à six mètres de diamètre, et qui paraissait s’enfoncer verticalement dans le sol. Ils s’y engagèrent résolument, et alors commença une gymnastique effroyable, au cours de laquelle Van de Boot et ses compagnes pensèrent avoir cent fois les membres rompus.

Les monstres ne se servaient ni de cordes ni d’accessoires quelconques pouvant les aider dans leur périlleuse descente. Ils sautaient d’une aspérité à l’autre, dans le puits, toujours en descendant, et leurs pattes s’y accrochaient. Ils marchaient naturellement en file indienne, et ce n’est que quand l’un d’eux avait quitté une corniche que l’autre pouvait s’y élancer. Celui qui marchait le premier était le chef. Il éclairait d’un rayon de ses yeux l’endroit où il voulait sauter ; cet endroit était parfois à dix mètres plus bas, et il fallait pour l’atteindre franchir toute la largeur du tube. Il s’y élançait, cependant, d’un bond puissant, et tombait toujours exactement où il voulait tomber ; c’était heureux, d’ailleurs, car la moindre erreur ou le moindre faux mouvement auraient signifié la chute irréparable, l’écrasement définitif dans cet abîme qui paraissait sans fond.

Le Kra-la, qui le suivait, répétait geste pour geste st manœuvre, et les autres les imitaient. C’était un spectacle fantastique et quelque peu terrifiant, dans la nuit du gouffre, que celui des trente corps des quadrumanes énormes, dont les