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une descente au monde sous-terrien

la cheminée où les Kra-las n’avaient pu descendre qu’en exécutant sans relâche des bonds prodigieux ? Non, c’était bien fini ; le savant le comprenait à la façon dont le regardaient les deux Anglaises ; il devinait bien qu’elles ne le croyaient pas, et que toutes deux s’attendaient à finir leurs jours sous terre.

Bientôt leur feu baissa, et les quadrumanes ayant fermé leurs yeux phosphorescents pour s’endormir, l’obscurité complète régna dans l’immense grotte où s’étendait le lac souterrain.

Quelque huit heures après, le voyage recommença. Van de Boot et les deux Anglaises furent reficelés et amarrés sur les épaules de nouveaux porteurs. Les grands singes quittèrent le bord de l’eau noire, s’engagèrent dans des failles de roches, sautèrent dans des trous, grimpèrent des pics, descendirent aux flancs de gouffres insondables, par des routes fantastiques sur lesquelles ils ne paraissaient pas hésiter, cependant.

Ils s’arrêtaient toutes les huit ou dix heures, déliaient leurs prisonniers, les nourrissaient d’une réserve d’herbes aquatiques, se reposaient et les laissaient reposer.

Cette épouvantable existence dura encore trois jours. Et le quatrième, Van de Boot remarqua qu’il se passait des choses bizarres, et en évidente contradiction avec ce qu’il savait des lois de la physique naturelle.

Les Kra-las, qui jusqu’alors n’avaient pas dépassé dix mètres dans leurs bonds déjà énormes, en franchissaient au moins vingt avec la même facilité. Ils retombaient beaucoup plus légèrement et faisaient de moins grands efforts pour s’en-