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une descente au monde sous-terrien

lever du sol. Le professeur lui-même se sentait peser moins fort aux épaules du quadrumane qui le portait. Quand celui-ci sautait, l’arrivée au but ne lui était pas aussi pénible qu’au commencement du voyage.

— Que se passe-t-il donc ? se demandait le savant. Nous ne sommes certainement pas près du centre de la terre, où notre poids devrait normalement devenir nul. Nous ne pouvons être à peu près qu’au milieu de ce qu’on nous a habitués à considérer comme l’écorce terrestre.

Le soir même il eut l’explication. Le soir, ou du moins ce qui lui semblait être le soir parce qu’on s’arrêta pour le repos à peu près quotidien.

Il y avait dix heures à peu près qu’on descendait, et les Kra-las, qui, jusqu’alors s’étaient montrés d’une agilité prodigieuse, étaient devenus d’une légèreté telle qu’ils faisaient aisément des sauts de cinquante mètres, et qu’ils retombaient presque avec grâce, si une telle expression peut être employée en parlant de monstres aussi hideux. Vers la fin de l’étape, c’était mieux, ils paraissaient devoir faire un effort pour rallier le sol ; si ce n’eût été aussi invraisemblable, on aurait cru qu’il leur fallait dépenser quelque énergie pour ne pas rester en l’air.

Et bientôt, malgré leurs efforts, ils restèrent en l’air ! Celui qui les guidait voulut sauter, dans le sens vertical, de haut en bas, d’une roche à une autre, et il ne put pas atteindre cette dernière. Après avoir descendu, très lentement, pendant une vingtaine de mètres, il demeura complètement immobile, planant. Au-dessous de lui, le gouffre continuait, ouvrant sa terrible gueule noire, mais il n’y tomba pas.