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une descente au monde sous-terrien

D’ailleurs, ce n’était probablement pas la première fois qu’il passait à ce point fantastique où la pesanteur n’existait plus, car le phénomène qui confondait l’entendement de Cornélius Van de Boot ne parut pas le surprendre le moins du monde. Il demeura tranquillement en l’air, dans l’axe du tube où l’on descendait depuis la dernière halte, et jeta un appel à ses compagnons, qui lâchèrent instantanément la paroi pour se laisser tomber à ses côtés, tout doucement.

Cornélius Van de Boot fut libéré de ses liens, et simplement déposé dans le vide, où il resta. Son poids n’existait plus. Debout sur une aspérité de la paroi rocheuse, il lui suffisait d’un très léger effort pour traverser le gouffre, qui avait à cet endroit plus de vingt mètres de largeur. Et s’il ne donnait qu’un effort beaucoup moins grand encore, de manière à n’arriver qu’au centre du puits, il y restait suspendu, sans aucune tendance à tomber nulle part

En outre, il remarqua bientôt qu’il n’y avait plus pour lui ni haut ni bas, suivant les idées conventionnelles que nous nous sommes faites de ces deux directions.

Il pouvait se tourner dans l’air avec une facilité extrême, et avec plus de légèreté, certes, que ses soixante années ne lui en laissaient d’ordinaire. Et que sa tête fût tournée vers la surface de la terre, ou vers le centre de la terre, il se sentait également à son aise, et debout.

Par dessus le marché, quand il voulait quitter le point du tube où flottaient les Kra-las, que ce fût dans un sens ou dans l’autre, vers le soleil ou vers l’intérieur du globe, il lui fallait toujours monter et changer sa tête de direction.

Van de Boot en conclut qu’il était arrivé au centre de gra-