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une descente au monde sous-terrien

— Je constate donc que les hommes se sont trompés en affirmant que la pesanteur conduirait au centre de la terre. Et s’il me faut une preuve de cette erreur, je la trouve en faisant quelques pas comme si je voulais continuer la descente à laquelle nous sommes soumis depuis plusieurs jours. Si je veux poursuivre cette descente en dépassant le point où nous sommes, il me faut monter. En outre, ce que je considérais jusqu’ici comme le bas, là où je mettais mes pieds pour marcher, devient le haut, et il faut que j’y place ma tête pour me sentir debout. Vous vous en rendrez compte demain matin, quand nous nous remettrons en voyage.

« Le point mort, l’endroit où les pesanteurs contraires se rencontrent et s’annulent, n’est donc pas au centre de la ferre comme on le croyait jusqu’à présent, mais bien au milieu de la croûte solide. Il y a là une sphère concentrique aux deux autres, à l’extérieure et à l’intérieure, et où se trouvent coupés tous les rayons du globe. Là, il n’y a plus ni poids ni mouvements déterminés par la pesanteur. Et nous sommes en ce moment sur un des points de cette sphère. »

Le vieux professeur s’intéressait à sa conférence et s’y emballait ; il en oubliait la position terrible dans laquelle il se trouvait, et la présence des Kra-las suspendus autour de lui. La jeune fille l’écoutait avec beaucoup d’attention. Van de Boot, avec cet auditoire autour de lui, finissait par avoir l’illusion de se trouver dans sa chaise, au collège royal de Saardam, et de s’adresser à ses élèves ordinaires. Il s’était redressé ; son œil s’était animé, et sa voix montait plus haute dans l’extraordinaire silence des couches profondes.

— Mais, continua-t-il, si la pesanteur s’exerce des deux