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une descente au monde sous-terrien

en poussant des hurlements de joie. Évidemment, les monstres étaient chez eux ; cette île, où aboutissait la gigantesque cheminée partie du cap Horn, faisait partie de leur domaine.

Émus, très tristes aussi, les larmes près des yeux, Cornélius Van de Boot et Margaret considéraient le paysage dont il étaient entourés, et qui n’avait avec les paysages surterrestres que d’assez vagues ressemblances.

Ils étaient au haut d’un îlot conique, dont le sommet était dénudé, sauf de fougères naines, et dont les flancs, au contraire, étaient couverts d’une prodigieuse végétation. Au pied de la forêt régnait une grève très large, en pente très douce, et au delà c’était la mer, une mer immense et d’une singulière coloration jaune-rouge, supportant de nombreuses îles noyées de verdure. Au-dessus de leur tête, directement leur jetant l’ombre entre les pieds s’ils se baissaient pour considérer le sol, luisait un soleil à peu près aussi grand, en apparence, que le nôtre, d’un éclat sensiblement égal, et versant une chaleur que le zoologue put comparer à celle des pays situés sous l’équateur. Mais ce soleil paraissait plus près que l’autre. En outre, il était fixe ; le professeur et Margaret remarquèrent bientôt que, sur le sol, les ombres étaient immuables en longueur et en situation. Certaines d’entre elles, portées par des objets inertes et sur un terrain favorable, étaient pour ainsi dire imprimées sur ce terrain ; il suffisait de déplacer la branche ou le caillou qui les portait pour constater la différence des teintes. Indice sûr de l’immobilité de l’astre central, ou plutôt de la façon exacte dont cet astre suivait les divers mouvements de la terre, dont il était enveloppé, au centre de laquelle il demeurait sus-