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une descente au monde sous-terrien

pendu parce que la pesanteur le sollicitait également de toutes parts.

Mais ce qui surprit le plus Van de Boot et Margaret, dans le monde où ils venaient de pénétrer, c’était la forme singulière de l’horizon, à laquelle ils furent assez longs à accoutumer leurs yeux.

Ici, au-dessus de la terre, pour peu que nous ayons gravi une hauteur, nous découvrons une assez grande étendue de pays, et nous sentons que si notre regard n’en embrasse pas davantage, c’est à cause d’une convexité. Si nous voulons nous en convaincre, il nous suffit de nous rappeler que, sur la mer, nous voyons encore les mâts d’un navire, par exemple, alors que la coque a déjà disparu derrière l’horizon, ce qui établit bien que la surface plane, fuit en descendant.

Ici, c’était exactement le contraire qui se produisait ; sous les yeux de Van de Boot et de Margaret surpris, la mer remontait comme fait la concavité d’une cuvette ; on ne cessait de la voir qu’à cause de l’éloignement, qui en faisait une brume indistincte, et si un navire avait flotté sur cette mer on l’aurait vu tout entier, à quelque distance qu’il se fût trouvé. La ligne d’horizon, la ligne de brumes, plutôt se trouvait bien au-dessus des yeux de l’observateur, et, contrairement à ce qui se passe sur la terre, où derrière l’horizon nous sentons le vide, on devinait derrière celle-ci la continuation de l’ascension de la surface liquide, indéfiniment. Toutes proportions gardées, nos naufragés sentaient l’impression de se trouver à l’intérieur d’une sphère creuse, et Van de Boot disait à Margaret, confondue par ce spectacle nouveau :