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une descente au monde sous-terrien

— J’avais deviné ! l’écorce terrestre est habitée sur ses deux faces, et nous venons d’arriver sur la face que nous ne connaissions pas.

Cependant tandis que durait leur contemplation, la grève s’était animée. Les Kra-las qui s’étaient jetés à l’eau étaient sans doute des émissaires chargés de porter à d’autres une grande nouvelle, et des centaines d’êtres semblables à eux sortaient de la mer, pour se mettre à bondir sur la plage et à gravir la colline. Il en sortait de tous les flots. Ce fut bientôt un grouillement extraordinaire, une nuée de monstres si effroyable qu’en leurs plus affreux cauchemars le professeur et la jeune fille n’eussent rien pu imaginer de semblable.

Margaret tomba sur les genoux et récita sa prière, elle croyait sa dernière heure venue. Van de Boot, malgré son âge et sa faiblesse, se mit en devoir de la défendre. Il ramassa un caillou et le tint dans sa main, prêt à en assommer le premier qui approcherait de la jeune fille. Qu’aurait-il fait avec cette arme, le pauvre être, contre un peuple de géants ?

Les Kra-las s’approchaient, cependant, en poussant des cris qui pouvaient être aussi bien des cris de joie que des cris de fureur. Margaret était prête à défaillir d’épouvante.

Mais ceux qui avaient fait la traversée de la terre avec les naufragés du Marvellous formèrent un cercle autour d’eux, et se mirent à parler d’une voix puissante. Et c’étaient des chefs, sans doute, des gens qui avaient autorité sur les autres, car ceux-ci ralentirent l’allure et s’arrêtèrent bientôt. On ne leur permit d’approcher qu’à cinq ou six mètres, ils s’arrêtèrent là, sans oser avancer davantage. Leurs yeux, dont en plein jour on n’apercevait plus la phosphorescence, saillaient