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une descente au monde sous-terrien

Devant eux, en effet, s’ouvrait un puits étroit, par où deux hommes auraient difficilement passé ensemble, et dont l’orifice était à demi obstrué par des broussailles. Mais il paraissait profond, et devait s’élargir en descendant. Une corde en sortait, qui s’amarrait à quelque distance au tronc d’un arbre. Une échelle souple avait été laissée auprès.

Ils redescendirent vers la place, et, sur un feu installé entre deux pierres, firent cuire un goéland qu’ils mangèrent, malgré son goût d’huile, parce qu’ils mouraient de faim. Wurtzler alla chercher de l’eau à une source voisine dans une tasse de métal ; quand ce fut le tour du Chinois de boire, il laissa tomber dans le liquide une sorte de pilule blanche qui y disparut instantanément, ne lui laissant ni goût, ni odeur, ni couleur. Van Ah Fung absorba le tout sans défiance, bien qu’il fût fort défiant de sa nature. Cinq minutes ne s’étaient pas écoulées qu’il dormait profondément, d’un sommeil que rien ne pouvait troubler. Le mécanicien lui enlevait alors deux revolvers chargés, une boîte de cinquante cartouches, et une sorte de stylet de facture orientale, à lame triangulaire et ondulée, qui devait faire de terribles blessures. Puis il s’endormit à son tour.

Le lendemain matin il s’éveillait, tandis que Van Ah Fung ronflait encore. Le Chinois ouvrit les jeux quelques minutes après. Il se sentait étrange ; il avait la tête lourde comme s’il fût sorti de l’ivresse, comme les jours où clandestinement, à Saardam, il se livrait à sa passion pour l’opium. Il ne soupçonna pas d’abord, cependant, qu’on lui eût administré un narcotique et le hasard voulut qu’il ne fouillât pas immédiatement dans les poches où il mettait ses armes. Ils déjeunè-