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une descente au monde sous-terrien

pieds. Si l’on veut considérer que le docteur était sanglé dans son uniforme de mer et peu libre de ses mouvements, on concevra que l’expédition aurait pu commencer par une catastrophe, le pauvre homme étant continuellement éloigné de l’instrument qui le portait par une intempestive rotondité. Il manqua des échelons, poussa des cris de pintade effarouchée, faillit plusieurs fois rouler dans l’abîme, et finit cependant par prendre pied sur la corniche inférieure, rouge comme un coquelicot et soufflant comme un buffle, mais éclatant de rire.

— Vos épreuves sont terminées, Monsieur, lui dit le président. À dater de cet instant, nous allons en voiture.

Et c’était en voiture, en effet, que devait s’achever la descente. Au roc surplombant, une poulie avait été solidement scellée, et sur cette poulie passait un câble métallique dont les deux bouts épissés faisaient un câble sans fin, tournant sur une poulie semblable, à une halte inférieure. Cinq paniers, semblables à des nacelles de ballons, étaient suspendus l’un au-dessus de l’autre à ce câble, qui passait par une ouverture à leur centre, et la longueur des étapes de haut en bas n’était déterminée que par le poids de la corde, qui aurait pu se rompre si cette longueur avait été par trop grande. À la station inférieure, le même appareil était installé, et c’est ainsi, par descentes de cinq à six cents mètres, que les voyageurs s’enfonceraient dans la terre, tant du moins que la cheminée demeurerait verticale, et sans autre fatigue que celle résultant de la manœuvre des paniers, qu’il fallait évacuer pour les décrocher d’un câble et les accrocher au câble inférieur. Ajoutons que les Sous-Terriens, pour éviter toute dange-