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une descente au monde sous-terrien

reuse augmentation de vitesse, et pour s’arrêter à chaque palier, avaient inventé un frein spécial et fort ingénieux qui agissait des nacelles mêmes sur la partie remontante du câble, et qu’un homme manœuvrait aisément d’une seule pression de main. Il avait fallu, on le conçoit, un temps considérable pour installer un semblable appareil, mais le président de la République Centrale y avait tenu la main, quoiqu’il fût décidé à achever son existence au fond du Globe, parce qu’il voulait, en cas d’événements imprévus, pouvoir se mettre en relations avec la partie supérieure de la planète.

Et depuis que le gigantesque va-et-vient était établi, André de Haute-Lignée était venu souvent sur la terre, dans l’incognito le plus strict, et dissimulant avec soin son escorte. Il avait ainsi trouvé le moyen de présider une République où on l’adorait et où il se trouvait heureux, et de rester au courant de ce qui se passait dans son ancienne patrie.

— Le tube où nous voyageons, dit-il, quand tout le monde fut assis commodément dans les nacelles et que la descente eut commencé, se dirige verticalement jusqu’au milieu de la croûte terrestre, jusqu’à la zone neutre, jusqu’au point où la pesanteur n’existe plus.

« C’est ce que les hommes appellent, par hyperbole, un gouffre sans fond. S’ils ont eu jamais l’idée de le sonder, ce que je ne crois pas, car son ouverture est située sur un îlot parfaitement désert, leurs sondes se seront rompues sous leur propre poids bien avant d’avoir atteint la région neutre. Et comme nous prenons la précaution, chaque fois que nous redescendons, d’enlever la première échelle de quinze mètres, je ne crois pas que nous courions aucun risque d’être suivis.