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une descente au monde sous-terrien

les informations du président des Sous-Terriens l’intéressaient bien davantage. Les hommes amphibies, calmes de leur naturel et faisant peu de mouvements inutiles, ne considéraient pas sans une certaine surprise ce petit homme exubérant qui n’arrêtait ni de parler ni de gesticuler, qui poussait des exclamations enthousiastes chaque fois qu’un caillou brillait à la paroi du puits, et qui se mettait à tout instant le haut du corps hors du panier, au risque de disparaître dans le gouffre.

Congo les avait un peu épouvantés quand il était tombé à l’eau, de l’avant du Pétrel. Il se tenait tranquille, à présent, ne cherchant pas à savoir où il allait, satisfait, du moment qu’il suivait son maître et les amis de son maître. Il s’était assis dans un angle de la nacelle inférieure, et ne donnait signe d’existence qu’aux relais, où sa force musculaire prodigieuse aidait puissamment à la manœuvre des paniers. Pour bien dire il la faisait seul, cette manœuvre, car il joignait à sa vigueur d’athlète une agilité de matelot consommé. Il se coulait le long des câbles, recevait les voitures d’osier, et les accrochait avec une extrême facilité. Puis il reprenait sa place et sa somnolence, sans s’inquiéter de descendre toujours, sans éprouver jamais le moindre vertige, puisque son capitaine et la « Moiselle », comme il l’appelait, descendaient avec lui.

Le voyage dura exactement huit jours, ou cent quatre-vingt-douze heures. Sur ces cent quatre-vingt-douze heures, quatre-vingt-seize furent consacrés au repos, et pendant les quatre-vingt-seize autres, s’il y avait eu à bord un enregistreur spécial, il aurait constaté que le petit docteur Francken