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une descente au monde sous-terrien

— Parfaitement, lui répondit en souriant le président, nous en sommes encore au mastodonte, ici.

— Et vous laissez ces formidables animaux se promener parmi vous ? Ils ne massacrent pas vos sujets ?

— Ils ne massacrent personne, pour cette excellente raison que mes concitoyens sont végétariens et ne leur font pas de mal, et pour cette seconde excellente raison qu’eux-mêmes sont herbivores et qu’ils n’ont pas à chasser pour se nourrir. Ils nous servent de chiens, comme vous pouvez voir.

En effet, dans la foule qui grouillait et criait sur les voyelles les plus diverses autour des arrivants, se dressaient de nombreuses tours grisâtres qui n’étaient autres que de gigantesques proboscidiens. Ils se tenaient très tranquilles, et n’écrasaient, en mettant un pied devant l’autre, aucun des insectes humains qui les entouraient, ce qui leur aurait été de la plus grande facilité s’ils avaient en mauvais caractère.

Francken demeurait ébahi ; il mesurait de l’œil la terrible bête qui l’avait promené à plus de dix mètres d’attitude ; il avait une question sur les lèvres.

— Parlez, docteur, lui dit le Président de la République Centrale ; je crois deviner ce que vous allez me demander.

— Oui, haletait le petit homme. Du moment que vous avez ici des mastodontes, vous avez aussi, peut-être, d’autres animaux antédiluviens ?

— Peut-être. Mais je veux vous en laisser la surprise.

À dater de cet instant, Andréas Francken vécut en état de parfaite jubilation. Peut-être allait-il séjourner quelque temps, lui, humain du xxe siècle, au milieu desittes préhistoriques qu’il n’avait jusqu’alors ras qu’à l’état de fossiles