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une descente au monde sous-terrien

satisfaire suffisamment son besoin de voir. Le président avait honnêtement averti ses concitoyens qu’il n’était pas le seul au monde à pouvoir prononcer toutes les voyelles : qu’au contraire il existait à la surface du globe, dont ils habitaient l’intérieur, des millions d’êtres jouissant de la même faculté. Mais comme on ne les avait jamais vus, ces êtres ; comme il y avait toutes chances pour qu’on ne les vit jamais, ils étaient restés à l’état de légende, à l’état de ces fables dont la réalisation pourrait bien se produire, mais dans un vague avenir auquel personne ne songeait.

Et les voir apparaître ainsi, tout à coup, au bout de dix ans d’attente, était une sorte d’événement auquel on ne voulait plus croire, et que le témoignage des sens même, ne rendait pas certain. Les Sous-Terriens s’approchaient ; ils posaient des questions comme si les nouveaux venus eussent pu leur répondre, quelques-uns touchaient leurs vêtements, et surtout ceux de Wilhelmine qu’ils n’avaient jamais vus. Le docteur Francken, avec sa rotondité, leur inspirait une familiarité douce : ils tournaient plus près de lui que des autres. Le petit Hollandais leur parlait, sans réfléchir, que c’était là du souffle perdu. Et d’ailleurs, ça lui était parfaitement égal, puisqu’il faisait seul les demandes et les réponses en riant aux éclats.

Mais ce dont les citoyens de la République inférieure restaient confondus, et ce dont ils restaient à distance respectueuse, c’était Congo, dont la taille et la couleur dépassaient tout ce qu’avait pu inventer leur imagination. Les Sous-Terriens sont, nous l’avons dit, de courte stature ; ils s’émerveillaient déjà de la hauteur de leur président, qui était ce