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une descente au monde sous-terrien

portés du Pétrel dans des sacs imperméables, et allèrent prendre un repos dont ils avaient grand besoin. Congo s’en fut se tremper dans la mer, qui brisait à trente mètres des cabanes, effaroucha quelques colonies de Sous-Terriens livrés à la douceur de la sieste entre deux eaux, et revint s’allonger en travers de la porte de Lhelma, où il s’endormit instantanément.

Pour Francken, dont la curiosité de savant était éveillée, il lui fut absolument impossible de fermer l’œil. Il tira de son sac hermétiquement clos son appareil photographique, qui n’avait pas souffert, un carnet et un crayon, se confectionna un couvre-nuque avec deux mouchoirs, et partit à l’aventure dans l’île. Car c’était une île, très vaste, où aboutissait la cheminée oblique qui lui avait permis de traverser la croûte terrestre, et cette île se trouvait verticalement au-dessous de la ville de Parahyba, au Brésil.

Tout en marchant, le petit docteur prenait des instantanés et des notes, et faisait ses réflexions à voix haute. Car, si l’excellent homme n’avait pas d’interlocuteurs, il parlait tout seul, pour le seul besoin de ne pas rester silencieux, ce qui lui était particulièrement pénible. Nous donnerons ici la copie des feuilles de carnet noircies au cours de cette promenade ; ils sont rédigés en style télégraphique ou nègre, mais auront l’avantage de donner un récit rapide et exact :

« 25 février 19. ; deux heures vingt-cinq du matin d’après mon chronomètre sub-terrestre.

« Instantané d’un groupe de Sous-Terriens postés devant ma cabane au moment où j’en sors. Très curieux avec leurs narines mobiles et leurs corps couverts d’écailles. Je remar-