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une descente au monde sous-terrien

La pantomime était elle-même difficile et imprécise, car il faisait, à cette profondeur, à peu près obscur. Une clarté vague et diffuse descendait péniblement de la surface, et les objets qu’elle baignait n’avaient que des contours imprécis.

Devant les invités du président s’étendait une plage semi-circulaire qu’on devinait assez vaste, et derrière c’était le noir, le noir absolu, indéfini et impénétrable.

Tout à coup, ce noir s’illumina brillamment. Trois ou quatre mille Sous-Terriens, serrés les uns contre les autres, et juchés sur toutes les aspérités des rochers, venaient, à un signal, d’ouvrir les yeux en même temps. Le fond de la mer, la scène, si nous pouvons nous exprimer ainsi, s’éclaira comme si on y eut jeté le faisceau lumineux d’un projecteur électrique et tous les détails s’y accusèrent avec une extraordinaire netteté.

Nos amis distinguaient un sol de sable fin, parsemé de roches sombres, ou toute une végétation s’attachait : anémones de mer aux nuances délicates, de gigantesques coraux, des éponges majestueuses. Toutes sortes d’animaux à carapaces ou à coquilles grouillaient là-dedans, tandis que s’allongeaient des algues comme des chevelures, ou que passaient en éclairs argentés des ventres de poisson.

Si cela avait été possible, les spectateurs venus de la surface de la terre auraient poussé un grand cri de stupéfaction. Ils le retinrent, sauf Francken, qui faillit boire un flot d’eau de mer à cette occasion.

— C’est admirable !… C’est merveilleux !… cria t-il sans réfléchir que personne ne pouvait l’entendre. Regarde, Lhelma !… Regardez, capitaine !… Dieu ! que c’est beau !