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une descente au monde sous-terrien

longtemps leur délivrance, mais le danger que court votre nation justifie le retard. Et s’ils ont été tués, hélas ! il importe peu que nous arrivions à un jour ou à l’autre.

Les choses, ainsi décidées, s’exécutèrent de point en point. Le président de la République Centrale, avec le gros de la caravane, s’enfonça résolument vers le Sud, et Jean Kerbiquet, emmenant un mastodonte, des armes, des munitions, des vivres, de l’eau et cinq hommes d’escorte, partit sur la trace récemment laissée par les humains mystérieux. Cette trace s’en allait d’abord droit vers le pôle antarctique, c’est-à-dire parallèlement à la direction suivie par l’expédition, de telle façon que les deux troupes purent s’observer pendant les premières heures de la marche. Puis elle inclina vers l’est, ou vers la gauche, par un angle aigu dont les côtés eurent tôt fait de s’écarter assez pour que Kerbiquet ne vît plus la caravane et pour que la caravane ne le vît plus, malgré la concavité du sol.

Kerblquet s’avançait sans prendre beaucoup de précautions. Les hommes qu’il poursuivait n’étaient que deux, mal équipés, et probablement si exténués par leur route en plein désert que la capture ne serait pas difficile. En outre, ils n’avaient pas dû aller bien vite sur ce terrain sablonneux où leurs pieds devaint s’enfoncer jusqu’à la cheville. Mais le capitaine eut, presque en quittant la grève, à quarante ou cinquante mètres du bord de la mer, une première et très désagréable surprise. Le sol s’était légèrement raffermi : il s’était nivelé aussi, et les traces de pas disparaissaient subitement pour faire place à des empreintes qu’on ne se serait pas attendu à trouver à cet endroit… des empreintes de roues ; le