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une descente au monde sous-terrien

sillon très net de deux paires de roues. Les hommes mystérieux qu’il recherchait n’avaient pas traversé le désert à pied ; ils s’y étalent fait véhiculer. Ceci diminuait, sans doute, la chance qu’il pouvait y avoir de les rejoindre rapidement.

Ce qui surprenait le plus Kerbiquet, toutefois, c’est que s’il apercevait distinctement la trace du véhicule, il ne voyait pas du tout celle des animaux quelconques qui l’avaient traîné.

Quel pouvait bien être ce nouveau mystère ? Le jeune capitaine étudia ; il se promena le long de la piste, en avant et en arrière du point où il se trouvait. Enfin, l’idée lui vint de retourner jusqu’au rivage, et là, l’examen minutieux de la barque abandonnée lui donna la solution du problème.

Cette barque avait porté un mât, et le mât n’y était plus, elle avait porté une voile, et cette voile avait disparue ; les planches n’en avaient pas été disjointes par un choc sur la plage, comme on l’avait cru d’abord, mais dépecées méthodiquement. Les hommes qui étaient passés là avaient utilisé leurs agrès pour construire un chariot à voile, et c’est en cet équipage qu’ils avaient entrepris la traversée du désert, au risque, mille fois, de ne jamais arriver à l’autre bout.

Fixé sur ce point, Jean Kerbiquet regagna son mastodonte et son escorte, et se mit en route, résolument sur la double trace des roues.

Nous le laisserons à sa poursuite pour nous occuper des faits et gestes de la caravane, en marche directe vers le Sud.

Pendant cinq jours, sa route se passa sans incidents notables. Le désert s’étendait devant les voyageurs, interminable et vide, sablonneux ou rocheux, avec son sol cuit par un soleil immuable et sa sécheresse éternelle. On ne voyait