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une descente au monde sous-terrien

jamais on végétal ni une bête fuyant dans un trou, ni un oiseau planant dans l’air. C’était la désolation absolue et définitive, l’empire du silence et de la mort.

Vers la fin de la sixième étape, pourtant, l’horizon, qui jusqu’alors avait été invariablement rouge, parut changer de nuance ; il tourna au gris, puis au bleu.

En approchant des touches vertes apparurent et bientôt le président des Sous-Terriens se convainquit qu’il approchait d’un oasis, que personne n’aurait soupçonné dans cette immensité aride.

Il ne fallait pas songer à l’atteindre le même soir. Si les plaines trompent aisément l’œil humain, à la surface supérieure de la terre, elles causent des déceptions plus cruelles encore sur la face interne, où l’horizon remontant laisse distinguer des objets beaucoup plus éloignés.

On campa donc comme à l’habitude, et le lendemain matin, dans une hâte de voir de la verdure et sans doute de l’eau, de rencontrer un peu de fraîcheur peut-être, les tentes furent pliées, les mastodeotes rechargés, la colonne s’éloigna rapidement et modifiant même légèrement sa route pour goûter un repos complet dont tout le monde commençait à sentir le besoin.

La verdure s’affirmait ; bientôt on distingua les palmes des fougères, et celles d’arbres beaucoup plus élevées, et qui montraient le tronc grêle et le bouquet sombre de nos cocotiers actuels. Au bout de huit heures de marche, qui n’avaient été interrompues que pour le repas principal de la journée, on approchait des premières vagues de buissons, tandis que le sol changeait de nature, et montrait la trace de quelque humi-