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une descente au monde sous-terrien

plaisir, après les longues journées passées sur le dos des mastodontes, dans une immobilité douloureuse. La jeune fille et l’enfant acceptèrent avec enthousiasme.

Le président surveillait en personne les travaux de la halte, et Congo y prenait une part active, transportant à lui seul des caisses d’eau que quatre Sous-Terriens n’auraient pas pu soulever.

Les éléphants antédiluviens avaient été amenés près du puits circulaire, et c’est là, à cinq cents mètres au moins du campement, que s’était concentrée l’activité de l’expédition.

Le chronomètre du Président sonnait midi, et le travail allait être interrompu pour le principal repas de la journée, quand un cri déchirant, aigu, empli d’une mortelle angoisse, retentit sous bois et parvint jusqu’aux oreilles des gens occupés au centre de l’oasis.

André de Haute-Lignée, Congo et les Sous-Terriens s’élancèrent. Les deux premiers, très grands, dépassèrent bientôt les autres ; l’énorme nègre fut lui-même rapidement en avance sur le Président. Il bondissait comme un tigre, et sur sa face noire se lisait une inquiétude profonde. Ce cri, qui l’avait tant bouleversé, ne pouvait être qu’un cri de femme ou qu’un cri d’enfant. Lhelma ou le petit Satrama l’avait poussé ; l’un ou l’autre était exposé en ce moment même à un grand danger. Telles étaient les réflexions qui traversaient, pendant qu’il courait, la cervelle simple de Congo, et, à ces réflexions, s’ajoutait l’appréhension de manquer à son devoir en n’arrivant pas à temps pour protéger Wilhelmine, de la sécurité de qui il était spécialement chargé.