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une descente au monde sous-terrien

Congo volait. Il déboucha enfin dans une petite clairière fermée par une grotte de roches sauvages, poussa un cri d’horreur et se jeta en avant. Un spectacle terrible avait frappé ses yeux. Deux animaux gigantesques, deux magnifiques spécimen de l’ours des cavernes préhistoriques, le mâle et la femelle, étaient debout devant la grotte, se balançant et grognant sans interruption. Leurs yeux luisaient de malice féroce, le mâle tenait dans ses bras puissants Wilhelmine évanouie, et la femelle berçait le petit Satrama, privé également de connaissance.

Francken, qui n’avait plus rien de ridicule, attaquait l’ours avec fureur, cherchant à attirer son attention et à détourner sur lui-même sa colère. Mais que pouvait-il faire, petit et faible, sans armes, contre le colossal plantigrade ? Celui-ci recevait ses coups sans paraître même s’en apercevoir. Il continuait à balancer Wilhelmine entre ses bras ; sa tête était levée vers le ciel, et ses pieds battaient le sol en cadence.

En voyant Congo qui s’élançait vers elle, la brute eut un cri de colère ; cet adversaire ne lui semblait pas négligeable. Elle hésita um instant puis se retourna pour rentrer dans la caverne, emportant son fardeau. Congo, cependant, touchait à présent de ses mains l’épaisse fourrure grise de l’ours. Il était sans armes ; il n’avait même pas un couteau. L’animal lui tournait le dos ; il lui entoura le col de ses deux bras d’athlète, et l’immobilisa. L’ours poussa un grognement de fureur et d’angoisse, les pattes embarrassées par le corps de Lhelma, qu’il ne voulait pas lâcher, il lui était impossible de se défendre. Il cherchait à se retourner pour faire face à son ennemi, l’attaquer de ses dents et de ses griffes de derrière,