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une descente au monde sous-terrien

silence et l’obscurité aidant, par s’endormir. Le petit Chinois laissa passer une grande heure. Il ne fallait rien compromettre par trop de hâte, et il avait tout son temps pour faire ce qu’il voulait faire. Il observait Wurtzler à la lueur d’une lanterne sourde accrochée à la paroi de la nacelle, la seule lumière qu’ils osassent employer maintenant, et s’inquiétait de ne rien pouvoir distinguer dans le paquet de lainages qui lui faisait face. Le mécanicien était enveloppé de la tête aux pieds. Cependant, Van Ah Fung put se convaincre de son immobilité complète, et remarquer que sa respiration était calme et régulière.

— Il dort profondément pensa-t-il.

Et, sans hésiter davantage, il se leva doucement et se mit en devoir d’exécuter ce qu’il avait projeté. Deux pas le séparaient de son complice ; il les franchit sans avoir fait le moindre bruit, sans avoir provoqué le plus léger balancement du panier suspendu dans l’abîme, et sans que Johann Wurtzler eût bougé. Et doucement, avec d’infinies précautions, osant d’adresse merveilleuse et que n’aurait pas désavouée un pickpocket professionnel, il glissa sa main sous la couverture dont Johann Wurtzler était enveloppé.

Mais il poussa un cri de terreur. Son poignet avait été saisi comme dans un étau, et dans la même seconde un canon de revolver s’était érigé et lui menaçait le visage. Le mécanicien disait, de sa voix glaciale :

— Je ne dors jamais. Toutes les tentatives que vous ferez pour me surprendre échoueront. Remerciez votre étoile, qui fait que celle-ci se produit à proximité de gens dont je ne veux pas plus que vous attirer l’attention, car je vous supprimerais comme un mauvais chien que vous êtes. Cependant, ne