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une descente au monde sous-terrien

il s’imagina qu’on en voulait à sa vie et que ses agresseurs étaient nombreux. Il saisit deux revolvers à sa ceinture, et se mit à tirailler dans le noir, au hasard, devant lui, se dressant en même temps et poussant de grands cris de colère ; il comprit instantanément ce qui venait de se passer, et cessa de brûler sa poudre, d’abord parce que ses revolvers étaient vides, et ensuite parce que son ennemi était immobile à ses pieds.

Mais il ne l’avait pas tué. Van Ah Fung, dans la pistoletade qui aurait pu l’anéantir, n’avait attrapé qu’un projectile dans le biceps gauche, et presque à fleur de peau. Il s’était toutefois évanoui en sentant couler son sang, et se croyait certainement mort, après avoir entendu siffler à ses oreilles une douzaine de balles.

Wurtzler prit la lanterne, se pencha sur lui, et constata qu’il n’avait pour ainsi dire qu’une égratignure.

— Il n’y a de chance que pour ces gens-là, grogna-t-il. Un brave homme aurait été tué dix fois.

Cependant il dévêtit le Chinois, lava sa plaie, et l’entoura d’une bande de toile qu’il se procura en déchirant la manche de chemise. Puis il attendit, après avoir accoté Van Ah Fung contre la paroi du tunnel. Le Chinois ouvrit les yeux cinq minutes plus tard. Ce fut pour avoir devant lui Johann Wurtzler, sombre et froid, comme à l’ordinaire, et qui lui dit :

— Vous êtes un traître abominable. Vous valez moins que moi, qui ne vaux cependant pas grand’chose. Mais je vous engage à cesser vos entreprises. La première fois, je n’ai fait que vous avertir, la seconde, vous vous tirez d’affaire avec une écornidure ; la troisième, vous y resterez. Et ne croyez